-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

 :: MIDGRAY :: Life Point :: Résidences Privées
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff
Evelynn Adhams
Prey
Date d'inscription : 20/09/2020
Messages : 22

Dossier Médical
BH-420 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham117/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (17/100)
BC-333 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham120/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (20/100)
PR-404 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham163/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (63/100)
Evelynn Adhams
Prey

Ven 22 Sep - 22:09
La pluie s’était abattue avec hâte à Midgray. Le temps n’était que peu convenable, mais Evelynn s’en moquait pas mal. Les mèches humides, les cheveux lâchés et en bataille, le toubib s’était rué vers son appartement après avoir fait quelques détours inutiles pour perdre la personne qui la suivait. Elle savait que la sécurité de Midgray n’égalait en rien celle de Lumia. Et pourtant, c’était l’aspect étouffant de cette ville parfaite qui l’avait poussé à prendre congé. Ô combien elle préférait passer du temps dans la ville de sa sœur afin de se sentir plus libre et… Souffler un peu. Pourtant, ce soir-là, en sortant de son cabinet, ses oreilles avaient sifflé et les poils dans sa nuque. Certes, le danger était partout, mais elle n’avait rien vu.

Elle avait cru devenir parano pendant un moment, à épier l’extérieur comme si elle voulait prouver que ce sentiment de malaise n’était pas là par hasard. On l’avait pourtant prévenu que c’était souvent quand on s’y attendait le moins que les ennuis arrivent. Mais il lui fallait une précaution. Quelque chose pour la rassurer. Une arme pour se défendre en cas de besoin. L’immeuble dans lequel elle se trouvait avait beau être sécurisé, plusieurs personnes ont déjà tenté de s’y infiltrer ou de forcer l’entrée.

Un coup d’œil en arrière et là, LA ! Une silhouette qui venait de se cacher parmi la foule. Et c’était ainsi qu’avait commencé ce jeu imaginaire du chat et de la souris. Lorsque la blonde venait enfin d’entrer dans son appartement, elle avait directement refermé les volets de son appartement, n’avait pas allumé une seule lumière, et s’assurait que son husky ne faisait pas un bruit. Étape difficile d’ailleurs puisque celui-ci dormait d’un sommeil plus que profond ! Si ce genre de situation ne s’était produit qu’une fois, Evelynn n’aurait pas pris la peine de se tracasser l’esprit avec ça. Mais au bout de la quatrième fois ? Elle devait faire quelque chose.

Elle devait l’effrayer, lui faire comprendre qu’elle n’était pas du genre à rire, quitte à se faire passer pour une folle. La silhouette était toujours là, bien qu’elle n’arrivât pas à distinguer correctement les traits de son visage ou même de son corps. Elle était bien trop haute pour discerner quoi que ce soit dans cette pénombre et cette pluie. Après quelques secondes de réflexion et quelques coups d’œil sur sa rue, elle s’était armée du tisonnier de sa cheminée, après tout elle n’avait rien d’autre et pourrait se blesser elle trébuchait.

« Allez… Prends ton courage à deux mains et mets-toi dans la peau d’une dingue… » Se fit-elle à elle-même, comme pour se motiver alors qu’un frisson désagréable lui parcourait le dos. Evelynn n’était pas du genre à avoir peur, après tout elle jouait avec la mort dès qu’elle mettait les pieds dans son labo. Alors pourquoi maintenant ? « Harley si je ne reviens pas… Les croquettes sont dans le tiroir. »

Franchissant la porte, elle ne se rendit compte de son action qu’une fois en bas. C’est vrai ça. Et si son stalker n’était qu’un fou sorti de de nulle part ? Et si on lui voulait du mal pour des raisons qui lui échappent ? Et si elle était tombée bêtement dans un piège dans le but de l’attirer dehors ? Toutes ces questions, elle ne s’y était pas intéressée avant. Ce n’était que lorsqu’elle franchit la porte qu’elle s’était mise à regretter sa décision. Mais madame Fierté refusait de partir et autant aller jusqu’au bout de la chose. L’estomac noué, une main tenant fermement sa pseudo arme, elle s’approcha du coin de rue où elle avait aperçu la fameuse silhouette depuis son salon. Ramenant tout le courage dont elle pouvait faire preuve, elle surgit tout en haussant fortement la voix. Le but était surtout de camoufler sa peur, surprendre, plutôt que de paraître intimidante.

« QUI QUE VOUS SOYEZ, VOUS ALLEZ ARRÊTER DE - ... Jagger ?! » Elle s’exclama, s’interrompant dans son élan avant de souffler un coup. Ces simples et quelques secondes suffirent à calmer son petit cœur qui semblait lâcher à tout moment.
Revenir en haut Aller en bas
Jagger Huff
Beast Cold
Date d'inscription : 17/07/2023
Messages : 7
Jagger Huff
Beast Cold

Lun 25 Sep - 1:32
La main tremblante, ensanglantée, je lève mon zippo à hauteur de mes lèvres entre lesquelles s’est glissée ma clope améliorée. Une cigarette que j’ai fait modifier par mon fournisseur, moyennant une certaine somme d’argent, mais que je regrette pas. Aujourd’hui, je suis plus capable de m’en passer et je crois que je pourrais pas retourner aux vieilles clopes sans saveur. Alors bien sûr j’y ai conservé une dose de tabac, mais j’y ai surtout ajouté de l’opium, une bonne dose d’opium, de quoi apaiser mes nerfs au quotidien. Et pour des jours plus délicats comme celui que je suis en train de passer aujourd’hui, eh bien la drogue à l’intérieur m’aide à supporter la douleur. Physique, je veux dire. La douleur psychologique, elle, je la noie généralement dans le whisky. Et là tout de suite, une bonne bouteille de whisky me ferait le plus grand bien en plus de cette clope.
J’ai dérouillé. Je m’attendais pas à me foutre dans une telle merde quand je suis allé trouver ce salopard de Lenny Koronsky. Salopard de russkof de merde, ces fumiers ont le don pour t’enculer jusqu’au bout. Du genre à te mettre le poing, l’avant-bras et pénétrer ton fion jusqu’au coude s’ils le peuvent. Je pensais pouvoir le gérer seul, sans avoir besoin de ramener des gars avec moi et dans un sens j’avais raison, je l’ai géré. Seulement Lenny, ce petit fils de chien ancestral, lui n’était pas seul, lui n’a pas de problème pour demander de l’aide. Alors quand je suis allé le chercher dans sa planque, Lenny, parce qu’il savait qu’on finirait par venir après nous avoir enflé sur une importante cargaison d’armes, il était prêt. Ils étaient prêts. Là où il a dû se sentir con, c’est qu’il pensait pas que le Chien Fou de l’Omerta était de retour aux affaires.

Forcément quand tu penses que deux des trois leaders de la mafia sont à l’ouest, tu te permets des petits trucs que tu ferais pas en temps normal. Mauvais calcul Lenny, quelqu’un est passé il y a quelques jours pour me sortir de mon trou dans lequel j’étais en train de me laisser crever. Il pourra remercier le Dahlia Noir, c’est grâce à elle s’il s’est fait punir. C’est grâce à elle si je lui ai mis la main dessus, si je l’ai saigné à blanc avec la lame de mon katana, si j’ai buté tous ses petits potes au passage. Enfin, c’est surtout à cause de sa propre connerie à lui.
Et son avarice. Ils sont nombreux dans ce milieu à pas être foutu de se contenter de ce qu’ils ont…

Alors c’est un peu ironique dans mon sens puisque nous aussi à l’époque, on a pas su se contenter de ce qu’on avait, on a voulu voir plus grand, on a voulu avoir plus gros. Le truc c’est qu’on y est parvenu, nous. Même si le prix à payer pour y parvenir a été bien trop lourd à mon goût, on y est parvenu… Raison pour laquelle je mets un point d’honneur, ou des poings c’est comme vous préférez, à préserver cet empire qu’on dirige maintenant, notre empire. Et même si mon état psychologique complètement merdique et bousillé me fout sur la touche durant des semaines, voir mois, je serai toujours l’enfoiré de salopard de merde qui viendra te briser les burnes si t’essaies de la mettre à l’envers à l’Omerta.
Lenny devrait s’en souvenir, je crois que la leçon est bien passée. Ses petites potes aussi, son cas servira d'exemple et d’avertissement à ceux qui comme lui, auraient pu mal interpréter notre mise en retrait à Léo et moi. Bon, le seul petit bémol dans tout ça c’est que j’en sors pas vraiment indemne non plus. Je sais pas si c’est le fait que je me suis encrassé depuis trop longtemps ou que leur désir de vivre les a rendu plus hargneux que d’ordinaire, mais j’ai pris cher. Cigarette au bec, je suis remonté sur ma bécane et filé à vive allure, la vision troublée et le corps me signalant par vagues de douleur qu’il est sur le point de me lâcher. Un calvaire pour me maintenir sur la moto, un enfer pour garder les yeux ouverts et ne pas me ramasser sur la voie rapide. Du sang, beaucoup de sang. J’en perds beaucoup, peut-être un peu trop même.

J’ai besoin qu’on me rafistole, mais je peux pas aller faire ça n’importe où.
Déjà parce que je suis un criminel et surtout parce que j’ai besoin que le travail soit correctement réalisé, pas qu’une espèce d’illuminé anciennement vétérinaire reconverti chirurgien de la mort joue avec mon corps. Et c’est cette pensée bien présente en tête qui m’a poussé à conduire jusque là-bas, me tourner vers cette personne bien précise.
J’ai confiance en elle, en ses capacités. Je sais juste pas si elle sera d’accord pour me rafistoler, ou plutôt à ce stade je devrais parler de me sauver la vie. Je crois que ça aurait été plus malin d’éviter que la lame de ce foutu poignard ne vienne me transpercer le bide… Tout comme cette bastos à l’épaule, je suis pas en acier comme Superman visiblement… Pour les pognes c’est différent, c’est d’avoir tellement frappé sur ces enfoirés qui m’a ouvert les phalanges. Du reste, des bleus et hématomes un peu partout sur la carcasse, probablement une ou deux côtes de pétées…

Il pleut des torrents, la nuit combinée à la flotte tombant en trombe, m’aident à passer inaperçu en attendant qu’elle se pointe. Qu’elle sorte de son cabinet.
Planqué dans un coin non loin de son lieu de travail, je guette son arrivée afin de pouvoir l’intercepter avant qu’elle ne rentre chez elle. J’ai misé sur le fait qu’elle serait encore à bosser, les toubibs sont du genre à travailler tard. J’ai eu raison.
Par contre, là où je me suis planté, c’était de croire que je pourrais lui mettre la main dessus dans mon état. Déjà, j’étais en train de perdre connaissance lorsqu’elle est sortie de son cabinet, d’attendre comme un con durant si longtemps et avec mes blessures ne m’aidant pas à rester conscient. Je l’ai capté à temps, mais me mouvoir aura été encore plus dur que de rentrer en moto tout à l’heure. Et finalement, alors que je pensais pouvoir lui parler avant qu’elle se cloisonne chez elle, je me suis fait avoir… A croire que c’était pas la première fois qu’elle fuyait un type en ayant après elle.

Et je me retrouve comme un con, seul, dehors, à moitié mort, à zieuter la fenêtre de son appartement en sachant que si je trouve pas un moyen de la faire descendre, je serai probablement mort d’ici une vingtaine de minutes.
Coup de chance pour moi, elle est du genre courageuse la petite et j’ai pas besoin d’employer les grands moyens pour qu’elle redescende, armée, prête à en découdre. Ce serait presque mignon si seulement j’étais pas sur la pente glissante de la mort. Quand je l'aperçois qui sort du bâtiment, je me replie dans la ruelle pour m’y enfoncer de quelques mètres afin que personne ne puisse nous voir ou nous déranger. Pas de clodos ici qui viendront faire chier, on sera tranquilles. Plus qu’à laisser venir la petite dame…

— Salut… Evelynn… Je m’approche de quelques pas hasardeux, titubant. — Tu te souviens… de l’autre fois… quand j’ai sauvé Harley… ? Le teint pâle, maladif, sang et sueur se mélangeant sur ma peau, je respire bruyamment, douloureusement. — J’ai besoin que tu… Mon visage se déchire d’une grimace, la douleur étant difficile à supporter pendant que je tente de parler distinctement. — Besoin que tu recommences… et pendant que je tentais d’avaler la distance me séparant d’elle, je m’écroule vers l’avant, épuisé, tout juste assez proche pour qu’elle me réceptionne avant ma chute et m’évite de tomber. Je suis pas encore totalement un poids mort, mais je dois pas être très léger tout de même à maintenir sur mes pattes.

Et j’ai surtout besoin de soins urgents.
Revenir en haut Aller en bas
Evelynn Adhams
Prey
Date d'inscription : 20/09/2020
Messages : 22

Dossier Médical
BH-420 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham117/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (17/100)
BC-333 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham120/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (20/100)
PR-404 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham163/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (63/100)
Evelynn Adhams
Prey

Mer 27 Sep - 19:11
Alors là, de toutes les personnes qu’elle imaginait, Evelynn était loin de se douter que Jagger serait la personne qui allait lui flanquer une frousse monumentale. Son cœur en battait encore la chamade. D’un côté, elle était rassurée que ce soit lui. Un autre individu aurait été une affaire plus complexe. Peut-être qu’elle lui aurait sauté dessus ? Ou alors elle se serait enfuie en courant ? Si Evelynn était tout de même ravie et rassurée de le voir, son humeur changea rapidement lorsqu’elle le détailla de plus près. Ses prunelles s’étaient écarquillées alors que son teint s’était blanchi en voyant toutes ses blessures, les bleus et les vêtements en piteux état et le peu d’énergie qu’il avait.

« Oh mon Dieu ! » Elle s’exclama, lâchant le tisonnier pour venir placer ses mains devant sa bouche comme pour se contenir. Elle se secoua la tête rapidement pour reprendre ses esprits, venant se précipiter vers lui pour éviter qu’il ne finisse le visage contre le sol. « Je suis là ! Je te tiens… » Elle a dû faire preuve de beaucoup de force pour éviter qu’il ne l’embarque dans sa chute. Evelynn devait agir et vite. La météo était loin d’être clémente, mais le temps pressait. Le Doc lâcha un juron, passant le bras de Jagger autour de ses épaules pour qu’il y prenne appui, alors que sa main à elle, s’était placée dans son dos pour l’agripper, l’aidant ainsi à marcher.

« Tiens bon ! » Fit-elle, le rassurant comme elle pouvait alors qu’ils avaient déjà atteints le hall d’entrée. Le voir dans un tel état lui laissait une petite pointe au cœur. Sa respiration était haletante, paniquée même. Comment avait-il pu se retrouver dans un tel état ?!

En quelques secondes, ils étaient déjà devant l’ascenseur qui n’avait pas bougé depuis qu’elle était descendue, laissant derrière eux les traces de ses blessures. Il va falloir qu’elle explique au concierge ce qu’il s’est passé. Ou non ? Peu lui importait pour le moment, elle devait le soigner au plus vite et lui attribuer des soins urgents. Une fois à l’intérieur de la cabine, elle se rua sur le bouton du dernier étage, martelant celui qui fermait les portes et tenta de caler le blessé contre l’une des parois en métal.

« Hé ! Reste avec moi. Essaye de garder l’équilibre juste quelques secondes… Juste un petit effort… » Elle lui demandait, bien consciente qu’elle réclamait un effort presque surhumain dans son état. Le but était également de le maintenir un minimum conscient. En lui parlant, elle avait pour espoir de le faire répondre pour qu’il se concentre à rester éveiller.

Evelynn faisait en sorte qu’il garde un appui sur elle pour libérer une de ses mains, pouvant ainsi se débarrasser de son gilet pour l’attacher autour du ventre de Jagger, le but étant de minimiser le saignement en essayant de bloquer l’hémorragie. L’ascenseur atteint le dernier étage, et Eve se précipita tant bien que mal avec lui vers son appartement, le traînant le plus rapidement possible à l’intérieur. Aussitôt rentrée, Harley semblait s’être extirpé de son profond sommeil. En un coup de talon, la blonde avait refermé la porte derrière elle, emmenant Jagger vers son canapé. Elle fit attention de ne pas le déposer trop brusquement, au risque d’empirer son état. Le feu continuait de crépiter, non loin de lui, accordant une chaleur apaisante. Elle s’était empressée de se diriger vers son labo, dans lequel se trouvait sa petite mallette d’urgence, puis vers sa salle de bain.

En temps normal, Evelynn faisait preuve de sang-froid quand ce genre de situation arrivait. Et pourtant, la voici à la limite de la panique. Ses pas la ramenaient auprès de Jagger, déposant ainsi la mallette à ses côtés ainsi qu’une bassine remplie d’eau et une serviette déjà prête à être utilisée. Le toubib prit une profonde inspiration, enfilant ses gants stériles avant de prendre le haut de l'homme entre ses mains pour le déchirer subitement.

« Désolée… Je t’en rachèterai un autre, promis. »

Elle ne perdit pas de temps, passant la serviette humide sur les blessures les plus importantes. Harley, quant à lui, s’était faufilé dans le salon, ramenant sa truffe au près du canapé. Un chien bien curieux et qui s’était allongé au sol, reniflant l’air comme s’il ne comprenait ce que sa maîtresse faisait.

« Merde... Harley, pas bouger ! » Elle lui ordonna alors que celle-ci avait déjà entamé les soins intensifs. La blonde redressa son regard vers son patient avec un air compatissant et rassurant. « Ce qui va suivre faire sûrement piquer et faire mal, mais tiens bon. C’est bientôt fini. » De son côté, Evelynn avait déjà nettoyé les plaies bien qu’elles continuaient de saigner, passant directement à la désinfection des entailles alors que son matériel était déjà sorti.

Arrêter une hémorragie était loin d’être une tâche facile, mais jamais impossible pour elle. Après tout, elle n’était pas seulement médecin ! Ni une, ni deux, Eve s’attaqua aux blessures les plus importantes. Si tout ceci devait durer toute la nuit jusqu’au petit matin… Eh bien soit !

_________________________

La lune était déjà bien haute dans le ciel. Plus de deux bonnes heures s’étaient écoulée depuis que le toubib avait retrouvé Jagger en bas de chez elle, l’eau de la bassine était teintée d’un rouge fade, la serviette jetée par terre, et quelques tâches ci et là coloraient le sol. Le canapé s’était transformé en une véritable table d’opération. Heureusement pour elle, il était protégé. Les lambeaux de ses vêtements étaient ramenés en boule à côté de la bassine. Quant à la blonde, ses cheveux étaient toujours humides, relevés dans un chignon en bataille et ne s’était toujours pas changée malgré les tâches qu’elle avait sur ses habits.

Eve avait enfin réussi à refermer ses blessures. Malheureusement, elle ne connaissait pas encore l’ampleur de ses blessures internes. Il lui faudra une radiographie, mais ça… Elle s’en occupera lorsque le mal sera passé. Prenant un des poignets dans sa main, elle prit son pouls pour s’assurer que tout était normal. Un peu faible, mais régulier. Elle lâcha enfin un soupir de soulagement. Depuis le début, Evelynn était aussi tendu qu’un arc. Sa fatigue se lisait sur son visage, mais impossible de quitter le blessé des yeux ou de baisser sa garde. Il avait avait des bandages un peu partout sur son corps, allant de ses blessures les plus profondes aux phalanges meurtries. Le brun pouvait enfin se reposer si ce n’était pas déjà le cas. Est-ce qu’il dormait ? Avait-il succombé à l’évanouissement ? Elle n’en savait rien. Elle n’avait pas osé le déranger au risque de le brusquer.

S’assurant qu’elle pouvait le laisser deux petites minutes, la Doc était partie se faire un café. Quitte à veiller sur lui jusqu’au bout, autant rester éveillée ! Ses yeux faisaient plusieurs va et vient entre son patient et le feu qui crépitait. Elle ne pouvait qu’attendre qu’il se réveille. Le café à ses lèvres, ses pupilles reflétaient les petites étincelles du feu de cheminée, s’y perdant presque.
Revenir en haut Aller en bas
Jagger Huff
Beast Cold
Date d'inscription : 17/07/2023
Messages : 7
Jagger Huff
Beast Cold

Dim 22 Oct - 3:30
Quelques mots, des morceaux de phrases, c’est tout ce que je parviens à capter après que je me sois effondré sur elle, à moitié conscient. Tenir bon… rester avec elle… un petit effort… faire mal, autant de sons et de mots qui se répercutent dans mon crâne sans que je sois réellement capable de les percevoir, comme un bruit de fond. Ce dernier petit effort, je le produis plus instinctivement que de par ma propre volonté. Un automatisme, celui du type qui a l’habitude de se foutre dans des emmerdes plus grosses que lui, de finir dans des états pas possibles, de frôler la mort, de flirter avec elle comme on flirte avec un premier amour, un amour éternel. Oui, une fois de plus c’est la merde. Mais cette fois au moins, je cherchais à faire quelque chose de bien, pas juste souffrir.
Je te promets Elena que cette fois, je cherchais pas à en finir, à me faire buter. C’est bon, j’ai compris maintenant, c’est pas la solution. Elle m’a ouvert les yeux tu sais, cette Dahlia. Elle m’a fait comprendre que c’est pas en fuyant, en agissant comme un foutu lâche, que je vais réussir à oublier cette douleur, que je vais la faire disparaître. Non, y’a pas de solution facile pour y échapper, pas d’échappatoire. Cette douleur, il faut faire avec, parvenir à avancer tout en se libérant de cette putain d’emprise pourrie qu’elle exerce sur toi, sur ton cerveau en compote, sur tes tripes à l’agonie. Chialer c’est pas le lot des durs à cuir, qu’on dit. Pleurer c’est pour les gonzesses ou les putains de tarlouses, ceux qui sont faibles, qui valent rien. Bah putain Elena, crois-moi que j’aurais envie de chialer tout ce que j’ai, vraiment. Car pleurer bordel, ça libère.

Je te vois dans le noir, tu sais.
Je te vois tout le temps en réalité. Mais c’est quand il fait noir, quand la noirceur m’entoure, m’engloutit, que je te vois le plus clairement. Et tu es là, entière mais irréelle, bien présente mais si loin, silencieuse et pourtant si blessante, blessée. Je vois tes yeux. Je sais ce qu’ils disent, j’ai toujours su ce qu’ils disaient.
Pourquoi toi, hein ? Pourquoi il a fallu que ce soit toi, seule pureté de mon monde, qui prenne cette foutue balle dans le crâne ? Parce que ce monde est une chienne. Parce que je suis qu’un chien, un putain de salopard. Parce que mes actions t’ont coûté la vie, parce que ce que je suis t’as tué. Y’a rien de juste à ta mort, rien de normal, rien que je n’aurais pas pu faire de mieux. J’aurais tout pu faire différemment, tout pu faire de mieux. A commencer par moi-même, putain de saloperie d’âme brisée qui préfère s’enfoncer toujours plus profondément dans les ténèbres, la violence et le crime, plutôt que d’être un vrai homme et d’assumer ce monde et ses problèmes de façon honnête. Non, moi je suis le genre de connard qui préfère la facilité, qui ira toujours dans cette direction. C’est tellement plus facile de crever un enfoiré qui te chie dans les bottes plutôt que de détourner le regard et tracer ta route.

Je suis qu’un foutu animal en vrai.
Foutu salopard.
Mais le suicide ? Aller me faire crever comme un gland dans une ruelle ? Non, c’est pas la solution. Tout comme ça l’est pas de laisser sa peau dans un règlement de compte, en allant corriger des raclures qui ont essayé de nous entuber. Il m’a fallu foutrement longtemps pour que ça rentre dans le crâne, que ça se fraye un chemin au milieu des litres d’alcool enquillés, de toute cette drogue qui m’embrume la cervelle, mais c’est arrivé. Qu’ils aillent chier en fait, non ? Qu’ils aillent tous se faire foutre, ces enculés. Je vais pas leur faciliter la vie, c’est même le contraire, je suis bien décidé à leur pourrir la vie à tous ces enfoirés. L’enfer sur terre, c’est moi.

Alors je vais vivre, je vais survivre, je vais ouvrir ces putains d’yeux et sortir de ce merdier en vie.
Je vais vivre oui…
Vivre…

_________________________

Cogne fort dans mon crâne, douleur qui se répercute un peu partout dans le corps, pour remonter s’éclater dans la boîte crânienne. L’impression qu’on m’a roulé dessus avec un trente-six tonnes, qu’on m’a jeté depuis le huitième étage. J’ai l’impression. Ce qui veut dire une chose, je suis en vie.
Ouvre les yeux difficilement, lentement, l’image peinant à se stabiliser. La première chose que j’entends, le son que capte mes oreilles, c’est celui d’un crépitement qui m’est familier, sans que je sois assez lucide pour parvenir à mettre un nom dessus, l’identifier. La première chose que je vois, c’est le plafond de ce qui ressemble à une baraque, un appartement ? Là encore, je reconnais pas directement, mes pensées et mes souvenirs ressemblent plus à du brouillard épais qu’un truc organiser capable de répondre à mes besoins.
Enfin, la première chose que je sens, c’est le contact d’une petite chose humide contre le dos de main dextre, quelque chose qui me frôle délicatement, me chatouille presque. En posant lentement les yeux dessus, trogne déformé par une grimace douloureuse, j'aperçois la gueule d’un clebs, le museau de l’animal contre ma main. — Harley…

Ça m’est venu tout seul, évidemment que je me souviens de lui. Et si Harley est là, ça veut dire que je suis arrivé à trouver Evelynn. Et effectivement, en tournant quelque peu la tête sur le côté…
Sur son fauteuil, qui me fixe de ses jolis iris bleutés, une tasse à la main. — J’allais pas clamser durant ton sommeil, tu sais… Oui une petite vanne d’entrée, je sais. Mais j’ai pas pu m’en empêcher en remarquant son air fatigué. J’ai aucune foutue idée de quelle heure il est, ni de quel jour, mais à en juger sa fiole, elle m’a l’air d’avoir veillé sur moi sans prendre la peine de se reposer. Et ça m’emmerde un brin, tout ça, alors oui une blague.
Je cherche à me redresser, à me basculer sur le dos, l’impression d’avoir passé bien assez de temps allongé sur le dos. Ça picote, c’est pas évident, je grogne un coup, galère un peu. Harley laisse échapper ce qui ressemble à un gémissement de compassion, c’est un brave chien ce Harley. Je cherche à lui caresser le haut du crâne d’une main tremblante, un peu faiblarde. — Combien de temps je suis resté comme ça ? Ça manque cruellement de vie dans la voix, mais ça c’est naturel chez moi, d’être blasé.

Je l’écoute, la fixe de ce regard qui n’exprime rien, qui manque d’éclat.
Un silence tombe, des secondes qui s’envolent.
— Merci Evelynn. Peu de mots pour exprimer une pensée sincère, la faute à la pudeur ou la connerie de fierté, je sais pas. Mais mes yeux ne trompent pas, je le pense vraiment. De ses yeux, tu peux généralement rien en tirer à part le vide et le désespoir, mais quand ils sont sincères, impossible de le louper. Je te dois la vie, Evelynn, et ça c’est pas rien.
Revenir en haut Aller en bas
Evelynn Adhams
Prey
Date d'inscription : 20/09/2020
Messages : 22

Dossier Médical
BH-420 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham117/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (17/100)
BC-333 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham120/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (20/100)
PR-404 ::
Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff Ham163/100Panser mille et une blessures. | Ft. Jagger Huff 9a1n  (63/100)
Evelynn Adhams
Prey

Jeu 2 Nov - 20:15
Les crépitements, la pluie, le bruit extérieur d’une ville endormie… C’était le genre d’ambiance qu’Evelynn savourait en silence. Ses yeux, bien qu’ils fixaient son patient sans vraiment le regarder. Maintenant que tout était calme et plus ou moins revenu à la normale, elle s’était permise de divaguer un peu dans ses pensées. Après une autre gorgée, beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête. Comment Jagger avait-il pu finir dans un état pareil ? Encore une sombre histoire ? Pourquoi être venu vers elle en particulier ? Est-ce que Harley avait assez de croquettes dans sa gamelle ? Puis ses pensées divaguèrent vers sa maison, son travail, Lumia…

Tout était si calme, agréable. Elle devrait faire des sessions nocturnes plus souvent si elle ne devait pas s’inquiéter d’être en forme pour le lendemain ou même pour ses recherches. Ses prunelles s’étaient figées sur Jagger, bien qu’elle ne le regardait pas. Elle fixait le vide, se concentrait à se détendre un peu alors qu’elle avait déjà remplie sa tasse deux fois dans la nuit. Puis, au moment où ses paupières lui suppliaient de se fermer, quelques paroles suivies d'un léger grognement provoqua chez elle une petite décharge.

Réveille-toi bon sang !

Eve fonça des sourcils, voyant que le brun venait de s’être réveillé. Au départ, elle pensait qu’il parlait simplement dans son sommeil, ce qui en soit était rassurant. Elle avait réussi sa mission, laissant le soulagement l’envahir. Le pire, c'est qu’il osait faire une boutade. Ni une, ni deux, la blonde s’était redressée avec hâte de son fauteuil, posant la tasse sur la table basse. En deux enjambées elle était de nouveau face à lui.

« Tout doux, ne bouge pas trop. » Fit-elle alors que sa voix se faisait douce et chaleureuse, l’aidant à se redresser simplement en repositionnant son oreiller. Elle ne voudrait pas que la blessure s’ouvre de nouveau. « T’as quand même failli mourir devant ma porte, Jagger. Comme si j’allais te laisser faire. » Elle lui rendit son petit air blagueur, ses épaules venant se décrisper un peu plus.

Sa main s’était baissée pour attraper le verre d’eau qui était à proximité, dans lequel s’y trouvait une paille. Elle le lui tendit, le laissant tout de même le temps de réagir et de le prendre ou non. Eve voulait juste s’assurer qu’il ne ferait pas de geste brusque qui puisse le blesser davantage. Sa tête blonde s’était redressée, écoutant ainsi sa question après avoir passé sa main dans ses cheveux nerveusement.

« Quelques heures, je dirai. » Elle répondit, le fixant à son tour alors qu’il venait de la remercier, essayant d’y desceller cette rare émotion qu’elle trouva chez peu de personnes. Elle s’était baissée et assise au sol, sur ses jambes alors que le silence planait. « Comment tu sens ? Tes blessures étaient très graves et au vu de l’état du reste de ton corps… Je me pose quelques questions. » Elle s’arrêta pendant un bref instant, avant de soupirer un bon coup. « Mais je suis contente que tu sois en vie… Tu devrais boire un peu d’eau et ne pas trop bouger. Même si t’es momifié de bandages, je ne sais pas si tu as des blessures internes. » Elle se voulait rassurante, lui faire comprendre qu’il ne courrait aucun danger ici. Du moins, c’était ce qu’elle pensait.

Pendant un long moment, elle n’osait pas ouvrir la bouche pour s’exprimer. Elle se posait beaucoup de questions qu’elle n’arrivait pas à poser. Après tout, elle ne savait pas grand-chose de lui. Par le passé, Evelynn avait tenté de lui tirer les vers du nez, mais en vain. Elle avait peur de le braquer. Ou même simplement de l’asperger de trop de questions d’un coup. Elle ne lui en voudrait pas vraiment, il venait de se réveiller et était probablement encore troublé.

« Hum… » Elle débuta, se tournant vers le feu alors qu’elle était toujours assise sur le tapis, plusieurs tentatives pour entamer ses demandes. « Je sais que c’est peut-être un peu tôt pour en parler, mais euh… Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu finisses comme ça ? » Elle s’arrêta pendant quelques instants, toujours les yeux figeait sur les étincelles de la cheminé avant de rajouter. « Si tu ne veux pas en parler pour l’instant je comprendrai. Mais ne me fais pas croire qu’il s’agit d’une petite dispute entre copain. »

Même si elle redoutait sa réponse, elle se demandait si le brun allait accepter de s’ouvrir ne serait-ce qu’un peu à elle. Certes, ils n’étaient pas très proches et Eve ne connaissait presque rien à son sujet. Mais pouvait-elle se permettre de rentrer, ou juste s’immiscer dans sa vie privée ?

« Enfin… Je ne te forcerai pas la main. Tu as faim ? » Fit-elle simplement avant de se lever après avoir haussé simplement des épaules. « Je n’ai rien de prêt, mais je pense pouvoir préparer quelque chose rapidement. Quelque chose de chaud ? »
Revenir en haut Aller en bas
Jagger Huff
Beast Cold
Date d'inscription : 17/07/2023
Messages : 7
Jagger Huff
Beast Cold

Mar 5 Déc - 7:53
Elle marque un point, je suis passé à deux doigts de crever sous ses yeux, en bas de son immeuble, j'aurais pu lui faire une mauvaise blague et mourir sur son canapé. Avec son aide, je retrouve une position un peu moins ridicule, une qui fait moins penser à un semi-cadavre respirant par miracle. Je grimace encore, mais sent que j’ai échappé au pire. Plus tôt, que ce soit sur la moto ou pendant que je marchais pour retrouver Evelynn, j’étais pas aussi serein sur mon état de forme. C’est qu’ils m’ont pas loupé non plus au final ces enfoirés.
J’accepte le verre d’eau, elle a même pensé y ajouter une paille pour rendre l’action plus agréable de mon côté. Une petite attention qui passerait inaperçue pour la plupart des gens, mais qui prouve qu’elle a bon fond, un bon cœur qui se soucie des autres et fait en sorte de prendre soin d’eux, même de sales types dans mon genre. Buvant quelques gorgées, je sens que c’est pas encore la joie pour avaler, même de petites quantités. Mais ça aide, ça fait du bien de sentir autre chose que le goût de son propre sang en bouche.

Quelques heures donc, c’est presque rassurant de l’entendre.
Parce que quelques heures, ça veut dire que je l’ai pas encore foutu trop longtemps dans une mauvaise posture, en déboulant comme ça, sans lui laisser le choix. Je peux encore lui éviter de m’imposer trop longtemps, la laisser en dehors de mes problèmes. Surtout qu’à l’écouter, j’ai l’impression qu’elle se fait du souci pour quelqu’un qu’elle devrait pas. Au fond, c’est pas si grave que ça si j’y passe, c’est juste que je voulais pas foutre dans la merde Leonard et Dahlia. Disparaître après être parti régler des comptes avec une enflure qui nous la mise à l’envers, je pense que c’est le meilleur moyen de les inquiéter et aussi, de leur laisser un sacré poids sur les épaules. Après tout, on est pas venu me sortir de mon isolation de misère pour que j’aille me faire fumer par une bande de guignols, surtout pas celle de ce connard de russe.
— Les chutes à moto ça pardonne pas… Oui, j’ose essayer de m’en sortir avec un mensonge plus gros encore que mes blessures. Chute à moto, c’est fréquent que t’en sors avec une épaule trouée par une balle et le bide ouvert par une lame, non ? Un regard à ma sauveuse me fait comprendre que non, que même si elle cherche pas à me pousser pour savoir, mentir ne servira à rien ici. Je détourne les yeux, laisse échapper un soupir… C’est pas très correct de faire ça, en y réfléchissant bien, elle vient de prendre de gros risques pour moi, lui cacher la vérité, c’est pas respectueux pour ce qu’elle vient de faire.

Des blessures internes ? Je sais pas non plus, mais j’imagine que je finirai bien par le savoir si c’est le cas. Je repose un regard inexpressif sur la blonde, absent d’émotion, blasé d’une vie qui n’a fait que me chier sur la fiole depuis mes débuts.
Comment je me sens ? A l’intérieur, totalement mort. Désillusionné, meurtri, un cœur déjà brisé et impossible à réparer. Un esprit complètement pété, une haine bien profonde qui, si elle sort pas facilement en temps normal, explose dès que je commence à cogner ou prendre des coups. Comme un exutoire, je crois. Comme j’ai peur de la lâcher à la tronche d’une personne qui le mériterait pas, je la contiens en moi et c’est quand je me bats qu’elle parvient à se libérer des ses chaînes. C’est dans ces moments que je suis le plus dangereux, au final. Alors comment je me sens, hein… — Ça va, ne t’en fais pas pour moi. Tu m’as évité le pire, je guérirai de ces blessures, j’ai la peau dure. Quelque part c’est ironique pour un type qui a si longtemps cherché à crever que de pas réussir à se faire refroidir. Mes mots se veulent rassurants, lui éviter de se tracasser maintenant que je respire et que j’ai les yeux ouverts, que je peux parler. Mais c’est pas si facile, c’est jamais si facile. Je le sens bien qu’elle est pas franchement convaincue, qu’elle voudrait en savoir plus, que je me contente pas juste de quelques mots à la con.

Je l’observe en pleine hésitation, à se demander si c’est le moment de poser les questions qui brûlent tant ses lèvres. A se demander très probablement si je vais pas l’envoyer chier si elle tente d’en savoir plus sur cette blessure par balle, sur cette lame qui m’a tailladé le bide, sur ce qui a bien pu me foutre dans un état plus proche du mort que du vivant. De ce petit voyage vers l’inconnu que j’ai entrepris, la peau plus rouge que blanche. Je l’encourage pas à poser toutes ces questions, parce que j’ai pas envie de la faire entrer là-dedans, d’être le connard qui lui mettra un pied à l’intérieur. Parce que je sais, je le sais parfaitement, dès l’instant où je parlerai, elle aura emprunté un chemin duquel il est difficile d’en sortir.
Alors je l’imagine pas complètement demeurée et naïve, elle doit bien avoir connaissance de Shallows, cette ville incarnation des enfers. Elle doit bien avoir connaissance du tas de merde géant que c’est la vie là-bas, du danger que c’est d’y vivre, de tenter d’y survivre. Mais bordel, est-ce qu’elle s’imagine que c’est pas forcément plus joli ici, à Midgray ? Est-ce qu’elle s’imagine que la drogue, les armes et même les êtres humains, ce ne sont pas des trafics qui se font seulement à Shallows ? Que ces merdes commencent à gangréner cette ville dans laquelle elle se pense plus ou moins en sécurité ? Je sais pas, j’en doute quand même un peu et ça me fait chier d’être celui qui fera tomber le voile, voilà.

Mais elle finit par la poser, sa question.
Forcément qu’elle veut savoir ce qui m’est vraiment arrivé. Et je suis qui, moi, pour l’empêcher de savoir ? Moi qui lui doit la vie putain. Et puis merde, y’a qu’à voir comment ça semble la mettre mal à l’aise de poser sa question, comme si elle cherchait vraiment à éviter de me foutre mal à l’aise. Je suis chez elle, j’ai frôlé la mort, je l’ai mise dans cette situation, son canapé est sans doute foutu à cause de moi et du sang perdu dessus, et elle se soucie encore de ce que je peux ressentir… Je serai vraiment un sombre connard que de ne pas lui parler.
Bien sûr que tu ne veux pas me forcer la main, mais t’as pas besoin de le faire, je pense que t’as largement mérité la vérité. Je sais juste pas si elle va te plaire, si elle va pas te faire du mal, ce que j’aimerais éviter. — Te prends pas la tête avec ça, j’ai pas très faim. Et puis surtout, ça me gêne de la voir se donner autant de mal pour moi, j’ai vraiment pas l’impression de le mériter. — Et c’était pas une dispute entre copains…

Je marque un léger temps d’arrêt, hésitant. Harley, toujours à mes côtés, me lance un regard que je suppose compatissant, encourageant ? Toujours est-il que ça me donne le reste d’élan pour enfin parler. — Je suis pas un type bien, Evelynn. Mais bon, ça doit pas être une surprise ça. Juste, je fais des choses pas jolies pour m’en sortir, mon métier est loin d’être aussi respectueux que le tiens. Toi, tu sauves des vies. Moi, j’ai l’habitude de les prendre… Et quand je les prend pas, je les malmène si fort qu’elles voudraient que je les achève, ces pauvres âmes. — Je bosse pour la mafia italienne, une mafia qui trafique des armes. Je fais attention à pas trop en dire d’un coup, lui laisser le temps de digérer les informations l’une après l’autre, au moins un peu. — Les types qui m’ont fait ça, ils sont dans un état bien pire. Ils verront pas le jour se lever, eux. — Un enfoiré a essayé de nous doubler, de se faire du fric sur notre dos avec notre marchandise, j’étais chargé de régler le problème. Et de faire passer un message, le message que le Chien Fou de l’Omerta est de retour aux affaires. — Comme t’as pu voir, j’étais attendu.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Nos Partenaires